Une nounou soupçonnée d’avoir tué un bébé, devant les assises

Excédée par les pleurs d’un nourrisson de sept mois, Isabelle H. a provoqué sa mort en le secouant et en jetant son transat au sol à plusieurs reprises. Elle risque jusqu’à 20 ans de prison.

Le procès d’une assistante maternelle s’ouvre ce vendredi aux assises du Val-de-Marne. Isabelle H., 50 ans, est soupçonnée d’avoir provoqué la mort d’un nourrisson de sept mois en 2008. Placée sous contrôle judiciaire, elle est jugée pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de moins de 15 ans». Son procès se tient jusqu’à mardi. Elle risque jusqu’à 20 ans de prison.

Agréée depuis 1991 par la PMI, Isabelle H. s’était vue confier la garde de Charlotte fin 2008. Les parents étaient en confiance. Cela faisait quelques mois qu’elle gardait le frère aîné. Le drame s’est produit au bout d’un mois de garde, le 3 octobre 2008, à son domicile, à Saint-Maur-des-Fossés dans le Val-de-Marne. Ce jour-là, Isabelle s’occupe de Charlotte, de son grand frère et d’une troisième enfant. «Les deux petites pleuraient, elle a essayé de les calmer, en vain», raconte son avocat, Me Grégory Bensadoun. Excédée, l’assistante maternelle attrape le transat de Charlotte et le secoue à plusieurs reprises avant de le lâcher à 50 centimètres du sol. Elle répète ce geste plusieurs fois dans la matinée tout en criant: «Tu vas te taire, tais-toi, je vais m’occuper de toi!»

Syndrome du bébé secoué

Puis la nounou donne à manger à l’enfant avant de la poser sur la table à langer, où la petite finit par faire un malaise. «Elle a tout de suite appelé les secours pour leur dire que l’enfant était “toute molle”», reprend son conseil. Une fois sur place, les pompiers tentent de réanimer l’enfant qui fait plusieurs arrêts respiratoires. Charlotte est finalement conduite à l’hôpital Trousseau à Paris, où elle décède en fin de journée. Les parents et la nourrice sont entendus dans la foulée. Sauf qu’Isabelle H. ne mentionne pas les secousses. Elle ne le fera qu’en mars 2011, en garde à vue, une fois le diagnostic établi.

L’autopsie, le scanner cérébral et d’autres examens médicaux mettent en évidence «des lésions rétiniennes» et des «hématomes sous-duraux». Autrement dit, Charlotte présente toutes les caractéristiques du syndrome du bébé secoué. D’autres expertises montrent même qu’il y aurait eu des secousses avant le 3 octobre. Durant l’enquête, l’accusée reconnaît un autre épisode d’énervement, quinze jours plus tôt, parce que Charlotte pleurait et mangeait trop lentement. Une version qu’elle conteste aujourd’hui.

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Caroline Piquet – 18 mars 2016