Les mules n’ont pas dépassé le parking de Sarcelles, surpris par la police sans avoir pu prendre la route et livrer la résine. Deux hommes de 29 et 32 ans ont été jugés ce lundi pour leur participation au transport avorté d’une trentaine de kilos de cannabis. Jacques F. a été condamné pour transport de stupéfiants à deux ans de prison avec mandat de dépôt, révocation d’un sursis et mise à l’épreuve de six mois. Il devra également s’acquitter de 5 000 € d’amende. Son coprévenu, Yacup D., a été condamné à huit mois de prison sans mandat de dépôt, mais relaxé pour la complicité de transport. La procureure, qui avait estimé la valeur du chargement à 150 000 €, avait requis à l’audience cinq ans de prison et 50 000 € d’amende à l’encontre des deux prévenus.
L’échec du transport de cannabis est dû à une patrouille de la Bac qui, le 16 janvier dernier, repère le comportement suspect de plusieurs personnes, route de Garges, où les vols à la roulotte sont légion. L’une d’elles, dans l’obscurité, semble s’affairer autour d’un utilitaire. Il est 21 heures, la Bac décide de contrôler.
Une bagarre avec les policiers
Le conducteur d’une Audi A3 tente alors de démarrer, alors que l’homme qui se trouvait près du Peugeot Partner jette les clés au sol. Il essaye ensuite de les arracher des mains du policier qui les a récupérées et se bagarre dix minutes durant avec les fonctionnaires pour éviter l’interpellation. Le conducteur de l’A3 tente d’ameuter le quartier en appelant à l’aide, mais sans succès. Au final, les deux hommes sont placés en garde à vue pendant que les policiers découvrent dans le Partner 29 plaquettes de 100 g.
« Je devais prendre le Partner et aller à la gare de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). On m’a donné les deux sacs. Je les ai mis dans le camion, confie Jacques F., la mule qui détenait 600 € en espèces lors de son arrestation. C’était un acompte pour le transport. J’avais la même chose à la livraison. » Il ne dira rien quant à l’identité du commanditaire : « Je l’ai connu à la salle de sport. J’ai accepté l’argent facile. »
« C’était le hasard le plus total »
Le tribunal lui fait remarquer qu’il faisait l’objet d’un sursis et d’une mise à l’épreuve lors d’une récente condamnation dans une affaire de stupéfiants. « J’ai hésité quand même, mais quand il m’a dit le prix… » Son avocat, Me Grégory Bensadoun, a contesté la légalité du contrôle initial et relevé l’absence d’investigations, notamment sur les portables saisis, estimant les peines requises « totalement disproportionnées ».
Frédéric Naizot – 4 mars 2019